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jeudi 5 juillet 2012

Josephine Siao, la wonder woman du cinéma de Hong Kong

Une des personnalités majeures à faire le lien entre les différentes facettes de cette programmation spéciale Hong Kong du Festival Paris Cinéma 2012 est l'actrice Josephine Siao. L'occasion d'apprécier à sa juste valeur son immense talent et son apport capital à l'industrie toute entière.



Originaire de Shanghai, la belle débuta le cinéma enfant et s'y fit rapidement un nom. Officiant au départ dans le versant mandarin de l'industrie, elle changea rapidement de bord pour être définitivement consacrée dans le cinéma en cantonais. Véritable Stakhanoviste (comme beaucoup d'acteurs de l'industrie de l'époque), elle apparut dans plus de 100 films en 10 ans !
De cette période, il est bien difficile de se faire une idée si l'on ne parle pas la langue locale, les quelques éditions vidéos de ces films étant la plupart du temps dépourvu de sous titres anglais... Hélas, le festival ne palliera pas à ce manque.

Quand le cinéma cantonais entama son inéluctable déclin à la fin des années 60, suite à l'apparition de la télévision, Josephine fut associée aux plus intéressantes tentatives de renouvellement de l'industrie. On put ainsi la voir dans The Window ou Teddy Girls, tous deux réalisés par l'excellent Patrick Lung. C'est ce dernier que le Festival passera ce week-end. Josephine y incarne une jeune fille en rupture, écœurée par son environnement familial, qui tombe dans la délinquance. Un rôle loin de l'image qu'elle avait alors développé auprès du public mais dont elle s'acquitte avec un impressionnant talent. Sa séquence d'introduction est à ce titre un pur régal.

Active quand à la défense d'un cinéma cantonais agonisant, Joséphine le fut également dans sa renaissance définitive des années 1970. Elle fut en effet rien de moins que la marraine de la nouvelle vague.
En 1976, elle produisit, co-écrivit et co-réalisa le polar, Jumping Ash. Ce grand absent de la sélection est à bien des égards le précurseur du mouvement, aussi bien dans le choix de ses thèmes que dans sa facture technique, proche du documentaire.
La graine semée par Jumping Ash germa définitivement à partir de 1979. Ann Hui, Alex Cheung, Yim Ho et les autres transformèrent l'essai initiée par la star. Celle-ci ne manqua pas de s'associer directement au mouvement en produisant et en jouant dans le deuxième film d'Ann Hui, The Spooky Bunch. Encore visible dimanche matin, la belle y interprète une actrice d'une troupe d'opéra en représentation sur l'île de Cheung Chau en proie à d'inquiétantes présences fantomatiques.
Extrêmement convaincante dans les séquences d'opéra *, elle fait également preuve d'un talent comique particulièrement marquant.

Cette habileté dans la comédie, elle la mit par la suite régulièrement à l’œuvre pour le reste de sa carrière. Et on ne le voit pas mieux que dans le Fong Sai Yuk de Corey Yuen. Absolument déchainée, elle y vole sans difficulté la vedette à toutes ses co-stars ! Ce véritable hold-up artistique peut encore être apprécié sur le grand écran du 3 Luxembourg jusqu'à la fin du Festival.

A défaut d'un hypothétique hommage propre consacré à cette grande dame, les films où elle est en vedette présentés durant ces quelques jours permettent, au moins partiellement, d'apprécier son importance.

                                                         Josephine Siao en 2011

* Et pour cause, elle apprit la discipline durant son enfance.    






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